Voici le courrier d’une maman, séparée, inquiète quant à l’éducation de son enfant. Que faire lorsque son père ne lui montre pas le bon modèle, sans pour autant le monter contre lui ? Comment faire pour qu’il ne la rejette pas à l’adolescence ? Elle nous dit : mon fils ressemble à son père, que lui conseiller ?
Bonjour,
J’ignore si ma problématique va entrer dans votre champs de compétences, mais je tente ma chance quand même.
Je suis la maman d’un petit garçon de 5 ans dont je suis séparée du papa depuis qu’il a 11 mois. Son père et moi avons chacun nos valeurs, fort différentes sur certains points, et cela me pose parfois quelques préoccupations dans l’éducation de notre enfant.
Transmettre ses valeurs à son enfant
Comment faire en cas de séparation ?
Par exemple je suis très attachée au respect d’autrui et à la politesse, il est donc pour moi très important que mon fils soit poli avec les personnes avec lesquelles il entre en interaction, et qu’il utilise un vocabulaire correct. Or sur ce point, son père est mon exact opposé. Il a beaucoup de mépris pour les gens en général et l’affiche ouvertement dans son dialogue et dans son attitude, utilise un langage grossier, etc. Et évidemment, lorsque mon fils revient d’une journée passée chez son père, il utilise ces mêmes mots grossiers. J’ai eu beau demander au papa à plusieurs reprises de faire un effort pour surveiller son langage devant son fils, je sais maintenant que c’est une chose qu’il ne fera pas.
Nous n’avons pas les mêmes valeurs
Nous avons 24 ans d’écart, j’ai 37 ans, lui…un peu plus donc, et ses traits de caractères s’accentuent avec les années qui passent. Il va donc me falloir réussir à donner une bonne éducation à mon enfant malgré le contre-modèle que lui donne son père sur certains points. Ce qui sera peut-être corsé, car mon fils adore et admire son papa, qui est un homme d’action avec beaucoup de charisme, jouissant d’une certaine notoriété publique (souvent négative, mais notoriété quand même) dans la région où nous résidons. Cet homme a de grandes qualités mais aussi de grands défauts, comme le fait d’être un grand manipulateur ou de ne pas posséder d’empathie. (Pour que vous compreniez mieux la nature de mon inquiétude, c’est une personne qui ne se pose aucune limite morale lorsqu’il cherche à obtenir ce qu’il veut, et j’ai du au moment de la séparation trouver le courage de porter plainte, puis de me porter partie civile contre lui au procès).
Mon fils ressemble à son père : comment réagir ?
Mon père ce modèle !
Mais revenons-en à ce problème de gros mots qui m’a poussée à vous écrire. Mon fils est revenu de deux jours passés chez son père ce matin, et il a commencé à employer les mots grossiers utilisés par son père. Quand je lui ai signifié que ces mots n’étaient pas corrects et qu’il fallait en employer d’autres, sa réponse fut limpide: « mais oui mais moi je veux être comme mon père, mon père il dit ça, je veux être un vrai mec comme papa ». Il a donc assimilé le fait d’être grossier au fait d’être fort et d’être comme son père qu’il admire. J’ai peur que plus tard, mon fils ressemble à son père.
Je lui ai répondu qu’il pouvait choisir d’être comme son papa en suivant ce qu’il faisait de bien (et en lui donnant des exemples), mais qu’il pouvait laisser de côté ce qu’il faisait de moins bien (en lui citant le fait d’être grossier).
La contagion mimétique
Je ne sais que faire d’autre. Je ne veux pas dénigrer le père devant son fils, et je ne peux ni ne veux empêcher qu’un fils cherche à ressembler à son père, cela fait partie de sa construction et me semble normal et sain. Mais comment faire pour qu’il ne fasse pas siens ses mauvais côté ? Vous l’aurez sûrement compris, mes préoccupations ne se limitent pas à un problème de vocabulaire. Le père de mon fils possède certaines facettes de personnalité que je ne voudrais pas retrouver chez mon enfant et je ne sais pas précisément comment me comporter pour que mon fils ne prenne pas celles-ci pour modèle en grandissant. Je me dis qu’il fera la part des choses tout seul, qu’il adoptera ma droiture et mon côté respectueux, mais d’un autre côté, le modèle que lui offre son père est tentant vu des yeux d’un enfant, puisque son père est un homme d’influence, et que chez lui ce sont les jouets et les sucreries à volonté, la grande maison, l’aisance financière, et pas ou très peu de contraintes éducatives.
Y-a–il une potion magique pour qu’il ne prenne que ses qualités ?
Pour le moment mon fils est adorable, plein de bonne volonté, gentil et poli (un petit recadrage après le retour de chez son papa est suffisant), mais ses mots d’aujourd’hui m’ont touchée, savoir que mon fils ressemble à son père quitte à adopter ses mauvais côtés me chiffonne. Que puis-je faire, depuis ma position de mère, pour donner l’envie à mon garçon de devenir un adulte droit, honnête et respectueux, et non une personne irrespectueuse et manipulatrice? Où est la potion magique qui ferait que les enfants ne puisent chez leurs parents que les qualités et laissent de côté leurs défauts? Le bienfait de cette préoccupation est que cela me pousse à sans cesse à tendre à devenir une personne meilleure, mais je n’ai pas fait cet enfant seule, et je suis bien la seule à me remettre en question.
Si vous m’avez lue jusqu’au bout, je vous en remercie, et si vous sectionnez mon courriel pour y apporter une réponse, je vous en serais très reconnaissante.
Bien à vous,
Danielle
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