Si vous êtes sur cette page c’est que vous avez vu la vidéo, et que vous aimez vous faire du mal en (re)lisant les citations que Stéphane Edouard a tiré du livre La Familia Grande, écrit par Camille Kouchner et sorti le 7 janvier 2021 aux éditions Grasset. Soit vous êtes tombé là par hasard, et la rédaction vous garanti que vous n’allez pas être déçu…

Ce n’est pas une fiche de lecture habituelle cette fois-ci. La rédaction a préférée, à l’unanimité, vous faire découvrir le livre via des citations qui parleront d’elles mêmes.

Voici, à présent, les 51 « meilleures » citations. Bonne lecture (ou pas) :

Les citations tirés de La familia grande

Elle (NDLR : sa mère) disait que l’important c’était de se parler, que tout s’expliquait.

Faites-vous à manger. Surgelés. Ne perdons pas de temps avec ça. Tâches domestiques, tâches sans délices.

Elle hait le patriarcat, les principes qui ne sont que des manières. Elle nous apprend à déceler les fausses intentions, la superficialité. Elle aime la politesse à condition qu’elle soit empreinte de générosité.

La familia grande, Camille Kouchner

Ma mère m’a tout simplement demandé de détester son père : « Il est resté en poste durant toute la période pétainiste, il a refusé de s’en excuser. Mon père était maurrassien. Un sale facho. Tu te rends compte ? »

Ma mère l’a quitté une fois, a trouvé qu’elle avait mal divorcé, l’a ré-épousé et a, à nouveau, divorcé. Beaucoup mieux, cette fois-ci.

La familia grande, Camille Kouchner

Quand Paula (NDLR : sa grand-mère) m’a expliqué comment avoir un orgasme à cheval ou à vélo, j’étais à peine pubère !

Plus que les conquêtes, elles (NDLR : la mère et la grand-mère) multiplient les propositions. Elles font preuve d’une arrogance sexuelle stupéfiante. Elles sont belles, intelligentes et terrassantes. Aujourd’hui encore, les quelques amis niçois que je croise me parlent de la beauté et de la facétie des soeurs Pisier. Ma mère m’expliquait : « Tu comprends, j’ai fait l’amour à l’âge de 12 ans. Faire l’amour, c’est la liberté. Et toi, qu’est-ce que tu attends ? »

Etre à la hauteur des histoires de cul de sa mère, sa tante et de sa grand-mère… Plus qu’une gageure ! La liberté ?

Au-delà du jeu et de la provocation, ma grand-mère intime l’ordre à ses enfants de réussir. Paula impose à sa fille de continuer ses études malgré le cinéma. Dans le sillage de ma mère, Marie-France s’inscrit à la fac de droit. Elle obtient un DEA et un DESS. Deux diplômes, c’est encore mieux. Gilles, lui, entre à Polytechnique avec beaucoup d’avance.

Leur chemin croise celui d’un groupe de jeunes Français, l’Union des étudiants communistes. Leur chef deviendra mon père.

LA FAMILIA GRANDE, CAMILLE KOUCHNER

Le père de mon père est laïc et engagé, courageux et blessé. Ses parents ne sont pas revenus d’Auschwitz. Exterminés pour ce qu’ils étaient. Mon grand-père refuse d’y penser et ne prononce plus le nom de sa mère, Rachel, l’un des prénoms que mon père m’a pourtant donnés.

La voix de Castro résonne. L’homme est éloquent, drôle et bavard. Son regard, à plusieurs reprises, se pose sur les yeux de ma mère. Lui sourit. Et le soir, alors que le groupe est dans le dortoir, une voiture est envoyée. Ma mère me raconte : « Je dois rejoindre Castro. Ordre de Cuba. C’est moi que l’on vient chercher. »

Pendant ce temps, mon père aime ma tante, je crois. Ma tante occupe mon père. Une brève histoire sans doute, de quoi amuser les soeurs, qui n’en sont pas à leur premier partage. Je ne pose aucune question. « On n’interroge pas la liberté ! »

Quand elle me le raconte, Evelyne me fait sourire. « Tu imagines ? Ton père avait une femme dans chaque port. C’était sa liberté. »

« Tes enfants ne parlent pas à table. Ils sont muets ou idiots ? », « Tes enfants font trop de bruits, dis-leur de rire moins fort ».

christine ockrent

« Je connais les défauts de votre père, je sais qu’il ne voit rien, qu’il ne comprend rien, mais c’est votre père (NDLR : Bernard Kouchner). Pas le choix. Et puis, de toute façon, vous savez bien qu’il ne sera pas là. – Pourquoi y aller alors ? Pourquoi quitter l’odeur de la maison, l’odeur de la peau, maman ? » Le chagrin ne passe pas. Il se mue en colère, une colère mutilante. Victor crie, il crie comme si on le désarticulait, comme si on lui arrachait le coeur, lui d’habitude si doux. Il crie à s’en péter les cordes vocales.

Elle nous présente l’homme qu’elle aime, depuis un moment sûrement (NDLR : Olivier Duhamel). Dix ans de moins qu’elle. Tous les deux professeurs de droit public; bientôt dans la même université. Leur connivence intellectuelle, la tendresse infinie de son regard sur elle, et surtout son envie de nous, comme un fou. Mon coeur est immédiatement emporté.

Fils de grands bourgeois (NDLR : Olivier Duhamel), marié puis divorcé après ce qu’il me racontera plus tard comme « une semaine de baise mémorable », mon beau-père rêvait de révolution.

Il me faisait écouter des morceaux de piano, il m’inscrivait au tennis et me lisait des passages de ses polars préférés. Il me proposait de prendre part à leurs débats politiques. Consensus et dissensus. Peu importait l’âge, chaque point de vue était respecté tant qu’il était argumenté.

A Sanary, mon beau-père (NDLR : O.D) se moquait de sa mère Colette qui, clochette à la main, sonnait le personnel pour débarrasser la table.

LA FAMILIA GRANDE, CAMILLE KOUCHNER

Les parents sont revenus de leurs luttes mais ils y croient encore. Pas à la révolution, évidemment, mais aux valeurs de la gauche. Celles qui les unissent. Celles qu’ils nous transmettent.

Universitaires, philosophes, sociologues, professeurs de droit, juristes, magistrats, avocats, bientôt ministres, à l’heure du café. La culture et les mots tout le temps. Question vocabulaire, Marie-France et Evelyne sont en tête. Femmes en tête. Imbattables. Après les hurlements et les fous rires du déjeuner, tout le monde se concentre : « jeu du dictionnaire » ou Scrabble.

Comme en un rituel, il retire d’abord son porte-briquet, enlève son maillot. Puis, nu, il cherche un paréo. Je l’entends encore me prévenir : « C’est avec les petites carottes qu’on fait les meilleurs ragoûts, ma fille ! » Il attrape un drap et l’enroule autour de ses hanches. Ensuite, toujours le même mouvement : il plonge, le paréo tombe. Il nage, sort de la piscine, le tissu à la main, et se rhabille enfin.

LA FAMILIA GRANDE, CAMILLE KOUCHNER 🥕

Ils se critiquent (NDLR : les parents), s’encouragent, s’interrogent, discutent. Ensemble. Parfois, ils s’invectivent, se font du mal, se fâchent, quittent la table et puis reviennent. Sur les enfants aussi il peut leur arriver de crier : « Argumente ! Mais argumente ! » Tout petit déjà, mieux vaut savoir parler. Comprendre que les cris sont une marque de conviction, qu’il n’y a pas à s’en effrayer. Comprendre qu’il faut savoir prendre le parole. Apprendre à choisir ses mots comme des armes de combat. Sur tous les sujets. Apprendre à ne pas montrer sa peur. Prendre le dessus dans la conversation, tout le temps et quel que soit le point de vue. Toujours savoir développer son idée, fixer sa position et l’assumer.

Il arrive aussi que, à peine ados, les enfants se roulent des pelles. Du haut de mes 7 ou 8 ans, je demande à ma mère : « Évelyne (NDLR : sa mère !), regarde, regarde, comment font-ils ça ? » Hilare, elle m’attrape par le bras. « Ouvre la bouche. Tu veux essayer ? »

Parfois, on organise un « Ambassadeur ». Parents et enfants mélangés. On se retrouve sur la grande terrasse pour mimer livres, films, pièces de théâtre. Aux enfants, il n’y a rien à cacher ! Je me souviens de ce que, à peine adolescente, j’ai eu à mimer : « Camille, viens ici. À ton équipe tu feras deviner La Chatte sur un toit brûlant »

À Paris, les parents déléguaient tout aux baby-sitters, quasiment des gouvernantes. L’une débarquait le matin dès 8 heures et restait jusqu’au soir. Le week-end, c’était une autre qui prenait le « relais ».

Mais mon grand-père retrouvé a disparu. Disparu pour se tuer. Des balles dans la tête au revolver ou à la carabine. Deux, je crois. 1986. Il avait 66 ans. Moi, j’allais en avoir 11.

Je demande : « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Gilles et Marie-France laissent faire ma mère. « Mon bébé, il s’est tué. Au pistolet. Comme un con. » Tout est dit, rien n’est expliqué. Encore aujourd’hui j’ose à peine l’écrire, mais j’en ai le souffle coupé. « Mais c’est ton père, maman ! » Ma mère me sourit. « À peine. Et quand bien même ! Arrête de t’interroger, il est bien libre de se tuer. Liberté, liberté… Je savais qu’il le ferait. Dernier acte agressif d’un homme égoïste. »

J’étais encore la seule fille, entourée de deux garçons. Ma grand-mère les adorait, et moi, elle me portait. « Ouvre les yeux, ma Camille. Ne les ferme jamais. Étudie mais n’oublie pas de séduire. Il faut savoir jouer de leurs codes. Les garçons, à tes pieds. Liberté, liberté ! »

Nous avons tourné pendant plus d’une heure autour de la piscine. Mes bras attrapés par les siens, mains entremêlées dans nos dos similaires. « Raconte-moi Alexandre, ton amoureux. Et Samuel et Aurélien ? Ça n’a aucun sens de n’en avoir qu’un. Et Charlotte ? Raconte tes cours de danse moderne. Tu sais comme j’aime quand tu danses. N’oublie pas d’être tenace et combative, mais pas pour rien. N’oublie pas de réfléchir. Toujours. N’arrête jamais de réfléchir. Même quand tu danses, même quand tu ris. Surtout quand tu ris. Surtout pour rire. Réfléchir, ça peut être très drôle, tu sais. Je suis si fière de tes notes, si fière de ta liberté déjà. »

Ma grand-mère s’est tuée juste après. 1988. Elle avait 64 ans. Moi, j’allais en avoir 13.

Et ma mère, devant laquelle je me tais, boit dès le soir tombé, et refuse de l’admettre : « Pas question d’en discuter. C’est ma liberté. » Je suis terrorisée par sa mort, lente et annoncée.

Je les ai si souvent vus faire. Je connais bien leur jeu. À Sanary, certains des parents et enfants s’embrassent sur la bouche. Mon beau-père chauffe les femmes de ses copains. Les copains draguent les nounous. Les jeunes sont offerts aux femmes plus âgées. Je me souviens du clin d’œil que mon beau-père m’a adressé lorsque, petite, j’ai découvert que sous la table il caressait la jambe de la femme de son copain, le communicant avec lequel nous étions en train de dîner. Je me souviens du sourire de cette femme aussi. Je me souviens des explications de ma mère à qui je l’ai raconté : « Il n’y a rien de mal à ça, mon Camillou. Je suis au courant. La baise, c’est notre liberté. »

Je me souviens encore que, après une autre soirée, une main courante a été déposée. La jeune femme, à peine 20 ans, était endormie lorsqu’un garçon s’était glissé dans son lit. Elle s’était enfuie à Paris et avait prévenu ses parents. Des explications avaient suivi. La jeune femme a été répudiée, vilipendée par mon beau-père et ma mère, effarés par tant de vulgarité. Quant à moi, on m’a expliqué ce qu’il fallait en comprendre : la fille avait exagéré.

Mon beau-père entrait dans la chambre de mon frère. J’entendais ses pas dans le couloir et je savais qu’il le rejoignait. Dans ce silence, j’imaginais. Qu’il demandait à mon frère de le caresser peut-être, de le sucer. J’attendais. J’attendais qu’il ressorte de la chambre, plein d’odeurs inconnues et immédiatement détestées. Il entrait ensuite dans la mienne. Ma nouvelle chambre qui désormais séparait celle de Victor de celle des parents. Cette chambre-péage. Cette chambre-témoin obligé. Pendant ces longues années. Mon beau-père entrait dans ma chambre et, sans doute pour me faire taire, s’asseyait sur mon lit. Il me disait : « Tu as mis une culotte ? Tu sais que je ne veux pas que tu mettes de culotte pour dormir. C’est sale. Ça doit respirer. »

Il entrait dans ma chambre, et par sa tendresse et notre intimité, par la confiance que j’avais pour lui, tout doucement, sans violence, en moi, enracinait le silence.

LA FAMILIA GRANDE, CAMILLE KOUCHNER

Dès 1990, la gauche révolutionnaire le cède à la gauche caviar. Le pouvoir rapporte. Il n’est plus question d’école publique pour les petits. Luz, Pablo et tous les « cousins » sont inscrits dans le privé, à l’École alsacienne, qu’on m’a pourtant appris à détester. Les enfants travaillent aussi le réseau des parents.

À peine 15 ans, et je fume avec les parents. À Sanary, rien n’est interdit. Ma mère m’achète mes paquets de cigarettes mais trouve que mon père pourrait me les payer. On fume un peu de tout, en réalité.

À peine 15 ans, et mon beau-père se fait photographe. Les culs, les seins, les peaux, les caresses. Tout y passe. Sur les murs de la Ferme, les images sont exposées en grand. Dans la cuisine de cette maison des enfants, une photo de sa vieille mère, quasi nue dans le jacuzzi, seins flottants à la surface de l’eau.

Il y installera Hélène, fille de Simone, cheffe de la cuisine de la Grande Maison. Il lui dira : « Vous pouvez y rester à l’année mais il faudra participer, aider la familia grande. » Depuis qu’elle habite avec sa mère dans la Grande Maison, mon beau-père dit : « Hélène, c’est comme ma sœur. » Une sœur qu’il fait travailler toute la journée.

« À Sanary (NDLR : une amie de la famille, parlant d’O.D), j’avais 12 ans quand ton beau-père est venu me rouler une pelle derrière le dos de mes parents. Et je n’ai rien dit. »

Le tableau noir est une torture. En sciences surtout. Toute logique m’échappe.

LA FAMILIA GRANDE, CAMILLE KOUCHNER

À une table de Pampelune, Marie-France me fait signe de la rejoindre aux toilettes. « Ma fille, t’es folle ou quoi ? ! Raide dingue du type, tu es. Je te vois. Dégaine-moi ton rouge à lèvres ! » Comme je m’exécute, elle s’étrangle : « Mais pas dans les chiottes, idiote ! C’est devant les hommes qu’on ajoute le rouge. Un geste qu’on leur adresse ! » Marie-France, l’actrice, Thiago, le scénariste. Marie-France, à mes côtés.

Je termine ma thèse de droit et la dédie à Thiago. À lui et à l’avenir. Dans mon ventre déjà.

Ma mère enrage lorsque la sage-femme me tend mon enfant pour que je lui donne le sein. Et l’exprime par de simples questions, évidemment – ne jamais attaquer la liberté frontalement. « Tu allaites ? Pourquoi ? Ils t’ont forcée ? Tu n’as pas peur de perdre ta liberté ? C’est au nom de la nature ? La nature a bon dos lorsqu’il s’agit d’enfermer les femmes, tu le sais… »

Et le père, il n’est pas là ? Les femmes se sont battues, souviens-toi. Tout ça pour ça ? », « Tu réagis dès qu’elle pleure ? Tu lui donnes le bain tous les soirs ? Il n’y a personne pour s’en occuper ?« .

LA FAMILIA GRANDE, CAMILLE KOUCHNER

À Victor, elle dit que le beau-père ne nie pas. « Il regrette, tu sais. Il n’arrête pas de se torturer. Mais, il a réfléchi, c’est évident, tu devais avoir déjà plus de 15 ans. Et puis, il n’y a pas eu sodomie. Des fellations, c’est quand même très différent. » À moi, elle dit des mots qui incriminent : « Comment avez-vous pu ainsi me tromper ? Toi la première, Camille, ma fille, qui aurait dû m’avertir. J’ai vu combien vous l’aimiez, mon mec. J’ai tout de suite su que vous essayeriez de me le voler. C’est moi, la victime. » Pour le reste, elle essaye de me faire taire. Elle me propose d’écrire un manuel pour la collection qu’elle dirige, m’envoie de quoi arrondir les fins de mois, me dit son amour et sa solitude, loin de ses enfants et petits-enfants. Pour le reste, quasiment plus un mot.

La familia grande se tait. Pas un appel. La familia grande se terre, a oublié qu’on existait.

Me demande bien ce que vous faites là. Je suis ici avec l’homme que j’aime. J’ai de la chance. Il s’occupe de tout. Je reste là. Ne venez pas me voir. »

Pour m’avoir laissée écrire ce livre alors qu’il ne souhaite que le calme, je remercie Victor.

Vous avez pu découvrir, grâce à Stéphane Edouard, les 51 « meilleures » citations provenants du livre La Familia Grande écrit par Camille Kouchner.

On sait que certaines de ces lignes sont assez glaçantes…

Laquelle vous a particulièrement interpellé ? Dites-le nous en commentaire.


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1 commentaire

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  • Absolument excellent : une analyse à la fois fine et forte qui ridiculise la bien pensance