Sociologie quantitative et biais déclaratifs : exemple avec la sexualité des français



Internet, les smartphones, les appareils photos et les caméras numériques ont-ils bouleversé la sexualité des français ? Une enquête de l’IFOP nous apporte des éléments de réponse. À condition de savoir la déchiffrer, et lire entre les lignes du déclaratif.

Conditions de l’enquête et méthode opérative

Étude publiée le 16 avril 2013 par François Kraus, directeur d’études au Département opinion de l’IFOP.

Échantillon de 1 113 personnes âgées de 18 à 69 ans, extrait d’un échantillon national représentatif de 1 200 personnes âgées de 18 ans et plus.

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L’enquête détaillée est disponible ici au format pdf (37p)

Enquête purement déclarative, et au sujet du déclaratif citons Jean-Claude Kaufmann :

« Les propos recueillis dans les entretiens ne doivent être considérés ni comme la vérité à l’état pur, ni comme une déformation systématique de cette dernière. Ils sont complexes, souvent contradictoires, truffés de dissimulations et de mensonges » – Jean-Claude Kaufmann, extrait de sa page Wikipedia

Les français utilisent-ils leurs webcam, envoient-ils des sextos, etc.
Source image : http://scienceblogs.com/startswithabang/mice-sex-mouse-couple-urine-darcin/

Le « 2.0 » a t-il modifié la sexualité des français ?

Les fantasmes des français (racontés par eux-mêmes)

Si nombre de français partagent le fantasme de l’exhibitionnisme, ils sont beaucoup plus rares à passer à l’acte. C’est ce que tend à démontrer cette étude, confirmant au passage l’hypothèse :

« La fonction principale des fantasmes est de faire l’économie de la réalité » – Alain Valtério, psychanalyste

Les fantasmes que les français réalisent le plus (> 30% des sondés)

  1. la voiture
  2. la nature
  3. la plage

Les fantasmes que les français réalisent le moins (< 30% des sondés)

  1. au cinéma
  2. dans la rue
  3. devant une fenêtre, rideaux ouverts

Remarques diverses

  • la population la plus exhibitionniste est très majoritairement bi et homo-sexuelle, polygame, de catégorie socio-pro supérieure, a entre 25 et 34 ans (source : page 11 de l’étude)

Sexualité des français : les fantasmes dans le virtuel

Photos, films

  1. Un peu plus de la moitié des sondés (h/f mélangés) avouent avoir déjà regardé des vidéos pornographiques (NDLR : biaisé vers le bas, c’est probablement plus, est-ce redressé et quel est le facteur de redressement ?)
  2. seuls 29% avouent avoir reçu des photos de leur(s) conjoint(s) dénudé(s) sur leur téléphone (NDLR : idem)
  3. 20% en ont réclamé, 20% en ont envoyé (NDLR : sont-ce les mêmes ?)
  4. après 20 ans de relation, le taux de partenaires réclamant des photos dénudées du conjoint tombe à 3%
  5. plus les conjoints sont satisfaits sexuellement, moins ils se réclament de photos
  6. 10% se sont déjà filmés en sextape (mais 30% le considèrent « envisageable » à l’avenir)
  7. tous ces chiffres augmentent au fur et à mesure que l’on descend en tranche d’âge, mais de 5 à 10% supplémentaires seulement

Virtuel (webcam)

  1. très lente progression dans les pratiques (seulement +5% en 5 ans), mais toujours 80% de « résistants » dans les faits. Reste dans le domaine du réalisable, mais peu de passage à la pratique
  2. les « résistants » sont moins résistants s’il s’agit de leur propre téléphone portable, que d’une webcam d’ordinateur
  3. la webcam excite les catégories socio professionnelles inférieures et les insatisfaits de leur vie sexuelle dans le réel (bonjour tristesse)

Contradictions repérées par les lunettes du sociologue

Sexualité des français : l'avis d'un sociologue
Basta les lunettes, aujourd’hui j’ai décidé de mettre un monocle
  1. Plus de 3 français sur 4 ont déjà fait l’amour dehors, mais l’idée d’être découvert n’excite qu’un homme sur 3 (et une femme sur 4). Dans ces conditions on peut raisonnablement se demander pourquoi ils le font. À moins qu’il ne s’agisse d’un biais déclaratif ?
  2. Seuls 1,5% des français sondés se sont livrés à des ébats en extérieur dans l’intention explicite d’être surpris. L’exhibitionnisme actif n’est donc qu’un fantasme peu répandu ; le risque d’être observé est plus excitant que de l’être vraiment. La question qu’il aurait fallu poser : ceux qui l’ont été (observés) ont-ils trouvé ça excitant ?
  3. Inversement, quid de l’observateur ? Mis en position de surprendre des inconnus en « action », les sondés hommes se montrent beaucoup plus excités que les femmes, qui sont gênées et détournent le regard à plus de 80%. Cachez ce sein…
  4. L’échange de message osés et de photos nues est très clivé par tranche d’âge, et concerne surtout les plus jeunes (passés 25 ans, leur usage est en nette diminition) et les couples récemment formés. On notera que l’écart entre les sondés ayant avoué en envoyer et ceux ayant avoué en recevoir monte à 10% : si le déclaratif est exact, cela veut dire que 10% des gens ont déjà reçu des photos non sollicitées d’organes génitaux…

Réaliste ?

Oui / non ?

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Stéphane


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