La séduction pour les nuls : jeudi



Réveillez-vous, c’est samedi, il est 7h34, allumez le moniteur de votre pc, voilà, puis la grosse unité centrale qui ronfle, votre nouvel épisode de « la séduction pour les nuls » est arrivé. Après le mercredi, c’est le jeudi d’un célibataire en quête de réponses sur les femmes et la séduction, que vous allez vivre

Jeudi : rencontre avec Jacques le fataliste

Afterhours

Le son – enfin, le bruit – voire même le cri – du 7h34 me tire de ma douce torpeur. Car oui, ça a un cri caractéristique, le 7h34. Le cerf rée, le tigre feule, la fourmi croonde et le 7h34 bruite. Et toujours de la même manière, un peu stridente, un peu trop forte, une sorte de musique annonçant un rituel auquel on n’a pas nécessairement envie de se soumettre. Mais je balaye ces pensées négatives d’un revers de main, qui jette au passage la bouilloire par terre et fend son plastique dur et craquant, comme si le sort voulait de nouveau me refuser mon thé traditionnel. Mais la fatalité ne m’impressionne plus, je me sens de plus en plus d’entrain au fil des jours. Je présente donc au dit sort mon plus beau sourire et un magnifique exorcisme : un casserole en inox. On ne va pas se laisser pourrir la vie par une bouilloire, non plus !

Afterwork

Je fais mentalement le bilan de ces derniers jours. Des gens vus, pas de direction définie dans ma recherche, mais des impasses signalées. Je commence à penser qu’il serait de bon ton de sonder directement le terrain des intéressées. Pas en demandant son avis à une amie ; j’ai toujours pensé dans mon fort intérieur que Picsou n’avait jamais consulté les Rapetous au sujet de l’amélioration de la sécurité de son coffre, et l’exemple de Jean avait fini de me convaincre. Non, il serait plutôt temps de sortir explorer le grand extérieur, plus particulièrement de ces lieux où se pressent les célibataires modernes, quelque part au confluent des boîtes de nuit, des speed dating et des soirées Meetic. Ce soir, je vais essayer les afterworks, dont j’ai entendu parler par des collègues comme étant des évènements sympathiques et plutôt connotés drague. Pas seul, évidemment. Je vais continuer ma petite tournée de connaissances. Je n’ai quasiment pas vu Jacques depuis que je ne me rends plus à l’amicale de billard. Rigolo, toujours le calembour (parfois vaseux, mais passons) à la bouche, cultivé, souriant et sympa : le compagnon idéal pour une sympathique sortie festive mâtinée – espérons-le – d’un peu de séduction de charmantes créatures. Puisqu’il m’avait récemment tendu une perche par SMS pour qu’on se fasse une petit quelque chose un de ces quatre et que je suis sûr qu’il n’a rien à faire ce soir (le billard, c’est le vendredi), ça devrait le faire.

Nous arrivons donc en afterwork, le cœur ouvert à l’inconnu, avec l’envie de dire bonjour à n’importe qui, enfin, vous voyez, quoi. Très tôt, à l’occasion de rencontres à l’open bar, nous discutons avec des gens, socialisons avec nos frères humains. Je trouve Jacques très liant, plutôt avec les mecs, certes, mais très liant. Je n’en attendais pas moins de lui. Le sentant lancé, je commence à lui suggérer d’aborder des filles, ce qui était mon but premier tout autant que caché (c’est que je commencerais à gérer les gens, moi). C’est là que je rencontre mon nouvel ami, le mur du refus. Nous avons le fond de l’histoire : Jacques pense une femme intéressante (ou simplement belle) trop bien pour lui. Ce qui motive son refus.

Aftershave

Néanmoins, la soirée avançant, quelques coupettes font entrer en lui le démon de la danse, qui prend alors possession de son corps. Son énergie monte, et dans la foulée je l’entraîne à l’assaut social d’un groupe de copines. Il me semble en effet que dans l’ensemble, ces filles ayant bu quelques bulles, s’étant apprêtées parfois de manière sexy, et s’étant déplacé dans un tel lieu, prendraient comme une insulte notre absence de tentative de les aborder. Et je suis un homme perclus de savoir-vivre. Comme il fallait s’y attendre, les deux ou trois premières amorces de discussions, pratique nouvelles pour moi avec de parfaites inconnues et suivi par un obtus de la chose, tombent assez vite à plat. Mais j’y trouve plus d’amusement que de gêne, ce qui me surprend un peu.

Jusque là, j’ai un peu entraîné Jacques sans trop lui laisser le temps de protester. Il est malgré tout temps de débriefer un brin avec mon ami. Le verdict est sans appel : ce dernier est un fataliste. Ce genre de personne qui trouvent toujours, quoi qu’il se passe, une raison pour échouer de manière constitutive, sans que ce soit d’ailleurs profondément de leur faute : ils ne sont pas nés assez beaux, assez grands, assez riches, assez costauds… Je le sens tout à fait capable de refuser de voir l’évidence si elle est contraire au schéma mental qu’il s’est fait des choses. Mince, c’est tout ce qu’il me manquait.

Afterparty

Toujours est-il que nous demeurons dans une bonne dynamique. Et tandis que je discute avec deux jeunes filles plutôt souriantes, c’est Jacques qui se fait « aborder ». Au bout d une demi-heure de discussion, je viens lui secouer gentiment les puces. Il est temps de passer la seconde. C’est alors que mon ami, qui souffre de longue date de son célibat, m’offre un des plus grands étonnement de ma vie post-Père Noël. Certes, elle est intéressée par lui, mais il se trouve qu’il n’est pas un chacal, il ne va pas en profiter, c’est un moment de faiblesse de la part de la nana, elle a un peu bu et s’est séparée il y a peu, de toute façon il ne la mérite pas et s’il ne saisit pas l’occasion, c’est pour elle, pour la protéger, voire parce qu’une fille qui s’intéresse à lui perd de sa valeur d’avoir aussi mauvais goût. Tout ça sans respirer.

L’humain me décontenance, mais me fascine. Je sens que Jacques s’en sortira, je sens tout en lui hormis ses croyances qui le bloquent. Le moment n’est peut-être pas immédiatement le bon, mais j’en reparlerai avec lui plus tard. Pour l’heure, je réalise froidement que je ne peux pas à la fois me sauver de la noyade et le secourir. Je n’aurais pas crû découvrir tout cela il y a quelques jours, en rentrant trempé de mon premier rendez-vous qui n’avait pas eu lieu. Je repars avec l’impression que la seule prison dans laquelle nous vivons est celle que nous nous construisons, et dont nous avons les clés dans la poche. Et cette révélation me semble, après quelques minutes de réflexion, d’une puissance rare, comme seules peuvent l’avoir ces évidences qu’on a toujours su mais qu’on ne réalise que d’un coup, au bout d’années et d’années de vie, comme un puzzle de trois pièces qui aurait été ignoré durant longtemps et qu’une secousse aurait mis en place inopinément.

Il faut choisir de plaire. Il faut choisir de progresser, mais pour cela il faut croire en la possibilité de progression. Il faut comprendre que le but est atteignable. Comme j’ai coutume de me le dire ces temps-ci, demain sera une bonne journée.

A suivre : vendredi, aime ta prochaine comme toi-même, ou l’incompatibilité de la séduction et de la misogynie

Matt

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4 commentaires

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  • Matt a dit : « C’est là que je rencontre mon nouvel ami, le mur du refus. Nous avons le fond de l’histoire : Jacques pense une femme intéressante (ou simplement belle) trop bien pour lui. »
    Ca me rappelle mon adolescence.

  • vous etes une bande de sacré crétin!!!! Vous pensez tout connaître, quelle modestie!

    Avoir des crapauds sans conquête qui vous suivent comme des chiens vous permets d’avoir plus d’assurance, mais au fond de vous, vous etes une bande de crétin!