Une histoire de destin, d’Uber et de fantôme (pt. 1)



Si je devais résumer l’histoire qui va suivre, je dirais avec une certaine présomption, que c’est le genre d’histoires qui se distingue par son caractère inattendu. Parfois, vous saisissez une rose et c’est la main en sang, la peau déchirée par les épines saillantes que l’on peut vous dire, un brin moqueur « On ne peut pas dire que l’on ne t’aura pas prévenu ».

Dans d’autres, vous vous approchez d’une tulipe, aussi innocente que délicate, et au moment de la toucher, elle vous engloutit le bras relevant sa vraie nature : une plante carnivore. Le premier cas est tragique, le second dramatique.

Le destin

Notre histoire commence des manières les plus agréables : une fille dans un parc, lisant Alfred de Musset, des premiers mots échangés avec malice et impertinence, quelques sourires, et puis enfin un numéro de téléphone. Tous les lecteurs connaissent cela par coeur : humour, désinvolture, légèreté. Un premier rendez-vous dans un café. Un second à déjeuner le midi. Un troisième au restaurant, et un quatrième, toujours au restaurant, mais cette fois-ci, de manière plus élégante, en robe du soir.

L’occasion de ces moments est bien entendu de faire connaissance. De parler aussi de ce qu’on l’aime, de qui on est, ou plutôt d’essayer de déchiffrer qui l’autre n’est pas. Il ne s’agit évidemment pas de préférer le même parfum de glace à la crème, mais d’avoir la surprise d’une préférence commune pour la beauté des instants aux à l’inconscience des intentions ou aux certitudes des résultats. Rarement, pour ne pas dire jamais, on arrive à obtenir le grand chelem des feux verts. La personnalité, l’attraction physique, les valeurs, la complicité et pour les quelques fois où cela a été partagé, la vision de l’avenir.

Imaginez-vous le délice du joueur de poker détenant un 10 et une dame de pique qui voit sur le tapis arriver successivement, le roi, le valet et l’As… de pique. Tout l’art réside alors dans le fait de rester impassible à ces bonnes nouvelles. Si je devais me confesser, et toute décision d’écriture est un acte de confession, j’ajouterais que j’aime les filles éduquées, d’une grande classe, tant dans les manières, l’attitude que le vocabulaire. Si elles sont légèrement réservées, mais sachant prendre la parole pour défendre une cause, c’est encore mieux. Et là, nous étions dans ce cas précis.

J’ai pensé pendant le dîner que les étoiles s’étaient enfin alignées, que c’était le destin qui avait voulu me la mettre dans les pattes :

Le Destin (d’une voix théâtrale) : Voilà tu l’attendais, la voilà. Elle. The One.
Moi : Ah ouais, t’es sympa comme mec en fait.

Mais elle l’a pensé…et dit avant moi. Vous me direz le destin, les femmes aiment cela. Peut-être cela les rassurent-elles dans leur incapacité à choisir. Oscar Wilde disait que si l’on grattait un peu, on pouvait toujours trouver des symboles aux choses et aux événements.

Le jour de ce dernier dîner, elle avait une robe bleue magnifique. Les détails du dîner importent peu au lecteur, mais l’ambiance était chaleureuse, les regards appuyés, les sourires nombreux et les rires partagés. De la complicité. Beaucoup de complicité. Vous avez déjà connu ça, où vous vous dîtes, tout est possible ?

Uber

Après ce moment inoubliable, je décide de l’emmener marcher un peu au clair de lune. Je prétexte le symbolisme de l’endroit (merci Wilde) pour l’embrasser. L’histoire est belle. Le premier baiser restera réussi. Il est minuit vingt. L’air est frais. Je lui propose de lui commander un taxi (Uber) pour qu’il la raccompagne chez elle. Elle accepte. Je lui propose de m’envoyer un SMS lorsque qu’elle sera bien arrivée. Je rentre chez moi. Je m’endors presque. Tiens … un email tombe. Je n’ai toujours pas réussi à couper le son de l’iPad qui reçoit un email sur l’app de Yahoo.Je regarde, rapidement, sait-on jamais. C’est Uber, le reçu… je n’y prête pas attention.

Mais les êtres humains ont une forte prédisposition pour repérer les choses inattendues et mon oeil a rapidement détecté quelque chose d’inattendu et d’anormal : Le graphique de la course du chauffeur, il y a une boucle. Je regarde de plus près. Effectivement, le chauffeur a fait demi tour, avant de reprendre son chemin pour une autre direction.

Je consulte la destination finale de la course de notre troisième rencontre, la destination est différente de quelques kilomètres de celle de ce dîner-ci. Elle n’a toujours pas envoyé de message. La brebis se serait-elle égarée ?

J’envoie un message, nonchalamment, « tout va bien? tu es chez toi ? « . Réponse : Je m’étais endormie… bonne nuit

Je ne réponds pas, mais me dis.. ok.. bonne nuit…

Le fantôme

L’histoire aurait dû s’arrêter là… mais, le fantôme de Stéphane posa délicatement sa main sur mon épaule et me susurra : « Tu remarqueras qu’elle n’a pas répondu à ta question »
Moi : « Oui, c’est vrai ça, peut-être n’y a-t-elle pas prêté attention? »
Le fantôme de Stéphane  » Peut-être n’est-elle tout simplement pas chez elle ? »
Moi : « … elle doit être probablement rentrée chez ses parents »
Le fantôme de Stéphane, qui maintenant porte le chapeau et fume la pipe de Sherlock Holmes, installé confortablement dans mon fauteuil en cuir, me regarde d’un air suspicieux :  » Elle t’a dit elle-même que ses parents habitaient à 300 km »
Moi: »effectivement, bien, c’est donc qu’elle doit être partie chez une copine, elle a probablement envie de raconter sa soirée disneysque à sa meilleure amie »
Stéphane dubitatif et légèrement amusé :  » bah, si c’est ce que tu crois »
Il disparaît, non sans avoir laissé planer un doute.

Je regarde une nouvelle fois l’email d’Uber et un lien que je n’avais jamais remarqué jusque ici me saute aux yeux : « Vous avez perdu quelque chose ? – Contactez votre chauffeur ». Oui, me dis-je, la foi.
J’appelle le numéro de notre chauffeur et lui demande ce qu’il s’est passé. Il refuse dans un premier temps de me donner des détails arguant, avec l’effronterie d’un péruvien à qui Tintin aurait demandé où se trouvait le Temple du Soleil, qu’il ne sait rien et qu’il n’a rien vu. Puis sans doute se rappelant que c’est moi qui décide de sa notation finale, et donc de la possibilité pour lui de conserver son travail, se rappela plus ou moins et, sur un ton hésitant, bredouilla « oui, effectivement, elle a changé de direction pendant la course… mais je ne sais pas pourquoi »

Moi : il a donc eu un appel.
Lui : je ne sais plus
Moi : c’était un homme ou une femme à l’appareil ?
Lui : c’est difficile à dire, mais … un homme je crois.

J’ai rendez-vous avec elle ce soir.

Arsène

Crédit photo : itscalledluxury


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6 commentaires

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  • Je ne résiste pas à un peu de cuistrerie. Tu lis Musset et tu ignores sa fameuse tirade sur les roses du Bengale, quel dommage… Elle ne s’appelait pas Marianne, au moins ? :)

  • Nos déceptions sont les fruits de nos propres espoirs.

    Tu as cristallisé avec véhémence tes échanges avec cette fille, tu as fait de vos instants des choses uniques et comme tu as vécu les choses sous cet angle, tu as naïvement pensé qu’il en était de même pour elle sans être certain (tu as répondu à sa place à cette question, ne jamais être celui qui pose et celui qui répond aux questions!).

    Pourtant, je suis certain que tu sais pertinemment qu’une jolie fille disponible (célibataire ne signifie plus rien effectivement Epaulard) a toujours plusieurs histoires en cours, à différents stades chacune. Ces histoires prennent « fin » seulement à la négociation du contrat d’exclusivité.

  • Elle a réalisé dans le taxi que tu étais sans doute un gros con sexiste et qu’elle ferait mieux d’aller voir cet autre mec qui ne lui a pas fait un plan séduction à deux balles et qui est beaucoup plus sympa et marrant que toi?

  • Bel exemple d’effet tunnel que l’on peut faire, quand on a un style (donc rare, puisque pour soi), et que l’on tombe sur celle qui semble miraculeusement y correspondre. Et je sais de quoi je parle, pour en avoir fait les frais aussi.

    Tu n’aurais pas du ouvrir ce mail, tu n’aurais même jamais du le recevoir, ma ça, c’est un problème d’époque. Tout cela créer du négatif au lieu de te maintenir serein sur tes bases.

    Je vois aussi une incompréhension de base : la séduction est un jeu de dupe, faire semblant de ne pas savoir, de ne pas être trop intéressé, pourquoi te mettre volontairement des souliers de plomb ?

    J’aime bien ta manière de personnaliser les conseils perçus ici. Et j’ai hâte de savoir si tu arrivera à faire comme si rien ne c’était passé.

  • Principe de réalité : Une jolie fille célibataire (sans être certain que ce critère soit valide) a toujours plusieurs histoires en cours, à différents stades chacune.

    Il ne me semble pas que vous ayez agréé à une exclusivité mutuelle. Et oui, tu n’es pas un être indispensable autour duquel l’univers tourne. Elle fait sa vie et tu n’es certainement pas en position pour lui dicter ses choix.

    Une rencontre tellement unique et merveilleuse que tu commences déjà à l’espionner. C’est beau… Je vois les petits coeurs, les étoiles et la musique de Disney.

    Trop de F?