La solution : le retour au « bon sens »
Le véganisme n’est donc pas la solution à tout. En réalité, il y a une réponse à la surexploitation de la terre et des animaux. C’est le rétablissement des circuits courts et des réflexes de consommation moins tyranniques. Ne pas se vexer quand son désir immédiat n’est pas assouvi. Laisser son ego de côté. Se contenter le plus possible de ce qu’il y a de disponible, de local, de frais. Parce que changer de marque ou de label (passer de Panier de Yoplait à Sojasun) tout en restant dans la logique de la grande distribution, c’est toujours rester le cocu de l’histoire.
commons.wikimedia.org/wiki/File:Riau_palm_oil_2007
Consommation éthique vs consommation à grande échelle
De même qu’il n’y a pas d’énergie propre à grande échelle, il ne peut y avoir de consommation éthique à grande échelle. Même quelque chose d’aussi anecdotique, a priori, que la pâte à tartiner. Quand on essaie d’en vendre un demi milliard de tonnes par an, on finit par déforester toute l’Indonésie pour y planter des palmeraies. L’arme n°1 de la grande distribution, la pince avec laquelle elle vous tient par les couilles, c’est le désir mimétique. Tu as envie de poulet frit parce que le système de représentation (la publicité) a mis en scène des gens à qui tu t’identifies, en train de prendre un pied monstrueux avec un bol de poulet frit. Il faut réintroduire une certaine dose de fatalisme bien compris dans sa consommation personnelle. Si j’habite plus au Nord que la Belgique, je ne considère pas « normal » de faire des fraises à la chantilly. Les fraises ne poussent plus, au Nord de la Belgique. Ou encore du guacamole. D’ailleurs, je vous recommande les reportages sur la surexploitation de l’avocat au Mexique. Et les mafias qui y sont associées.
LA BASE ! Savoir ce qui arrive dans son assiette !
A défaut de pouvoir fréquenter régulièrement ses producteurs, habiter à côté d’un marché, développer un rapport avec les paysans, poser le plus de questions possibles sur les produits, se montrer curieux, essayer de comprendre. Alors que la facilité, la pente, c’est le système. Véganisme ou non, vous fier à des logos, c’est la facilité.
N’ayez pas l’éthique à géométrie variable : si vous êtes vegan, alors vous ne pouvez pas vous habiller chez Zara, H&M, Uniqlo, etc. De toute façon, c’est la même logique industrielle, la même exploitation, les mêmes souffrances en bout de chaîne, le même gaspillage, et la même pollution des sols et des rivières.
Conclusion mi-tragique, mi-optimiste
Ce que je regrette dans cette histoire de véganisme :
Je trouve machiste d’envoyer des femmes déséquilibrées au casse-pipe médiatique sur des sujets qu’elles ne maîtrisent que superficiellement. Elles n’ont en fait ni la rhétorique ni la résilience pour supporter le déferlement de haine qui s’abat sur elles dès lors qu’elles sont en première ligne. Elles finissent généralement par se suicider comme Oksana Chatchko, la 1ère femen.
Barjavel avait donc raison sur la dépendance énergétique dans son roman d’anticipation dystopique des années 40. Je parie qu’il aura également raison sur la viande, et qu’à horizon 2050 elle sera « élevée » hors sol, en laboratoire.
Rappelons-nous enfin que c’est le génie de l’homme. Dévouer son intelligence dans un hétérocosme, car il a une dette auprès de sa mère qu’il ne saurait rembourser.
Crédit photo : Ryan Mc Guire
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