Ouvrons les yeux !
15 tonnes d’eau et 15kgs de protéines pour 1kg de bœuf !!!
Et si c’était bien un problème de système ? L’élevage intensif n’est pas viable. C’est ce qu’à du mal à comprendre l’employé de bureau servile, assigné à résidence économique et sexuelle. Il voit ses libertés fondamentales bafouées par la réduction de sa surface économique (même plus suffisante pour se loger en centre ville). Il en vient presque à considérer que faire cuire son faux-filet Monoprix, avec une grosse noix de beurre, dans la poêle que lui a laissé sa môman, c’est faire preuve d’émancipation. Bref faire un doigt d’honneur au système.
Chaque français mange en moyenne 80kgs de viande par an, issus de l’élevage intensif. Cela implique le remplacement de 16m2 de forêt par des cultures fourragères. Chaque minute, cela fait 10ha de forêt, soit 15 terrains de foot. Combinés depuis le début, ça fait 2/3 des terres arables sur terre. Si ces terres étaient rendues à l’alimentation humaine, la planète pourrait théoriquement nourrir jusqu’à 27 milliards d’hommes.
L’EU importe 40 millions de tonnes de soja OGM pour nourrir son bétail, majoritairement en provenance d’Am Sud (au Paraguay). Le soja OGM c’est 90% des terres cultivables, une agriculture dévastatrice pour l’économie locale. Sans parler de l’épandage massif de pesticides qui réduit l’espérance de vie, provoque des mutilations et anomalies à la naissance, etc.
A ceci s’ajoute l’aporie des problématiques de traitement des déjections porcines.
Il me semble donc voir une préoccupation kantienne, éthique dans le véganisme. Puisqu’il vise à s’écarter d’un mode de consommation individuel qui n’est pas soutenable à l’échelle planétaire. Mais le problème ne me semble pas réductible au seul argument philosophique* ? L’agriculture extensive, c’est aussi et surtout la transposition du libéralisme à l’agriculture, c’est-à-dire l’industrialisation.
* encore une fois, il y a un carnivorisme atavique si généralisé que démontrer le contraire serait une compilation d’arguties.
Les inuits ne mangent pas de cerises
Qu’est-ce que l’industrie ? (rappel : je suis ingénieur en sciences industrielles)
- l’industrialisation, c’est le contraire de l’artisanat
- l’artisanat, c’est penser et fabriquer un produit sur la base dans la limite de ses propres capacités et des ressources disponibles. L’artisanat est frustrant par essence, puisqu’il ne peut contenter tout le monde. Il implique des différences de performance dans les produits finaux, de l’attente, ruptures d’approvisionnement. C’est la hantise des distributeurs, la fameuse « rupture de stock ». Et surtout il met le consommateur face à l’injustice de son lieu de vie. En effet, si je n’ai pas de bons artisans à proximité, je suis condamné à subir un mauvais service. Si j’habite dans un pays où ne poussent pas de cerises, je suis condamné à ne pas manger de cerises, etc.
- l’industrie, c’est optimiser le processus de production de sorte à fournir un produit en quantité suffisante, dont les caractéristiques sont stables sur tous les lieux de consommation, à toute période de l’année où les consommateurs sont susceptibles de le consommer. Les fameuses cerises en hiver.
La grande distribution, le bras armé de l’industrialisation
Quand tu as décuplé ta production grâce aux techniques industrielles, tu ne vas pas l’écouler dans l’échoppe du coin de carte postale de ta grand mère. Ni chez Ahmed épicerie générale ouverte 23h sur 24. Tu fais appel à Charles Edouard et ses 12000 hypermarchés, c’est-à-dire la grande distribution, ou grande distri pour les intimes :
- royaume de l’emballage mensonger. Lait d’amande, par exemple, qui est globalement de l’eau sucrée parfumée. Ainsi que Minute maid qui n’a rien d’un jus fait minute
- royaume de la promesse non tenue (ex les promesses nutritives des alicaments, le certifié bio qui contient des pesticides)
- royaume de la surproduction (=> cadences infernales => accroissement de la souffrance animale ~ 45 bêtes à l’heure, ça fait 1min15 pour tuer une vache de 600 ou 700 kgs – rappel : chaque boucher choisit ses éleveurs et son mode d’abattage)
- royaume de la sur-spécialisation. Il génère ainsi un business parasite et juteux des carcasses d’animaux
- royaume du gaspillage
- royaume du profit pour les actionnaires et de la ruine des producteurs qui vivent sous perfusion des subventions
Un système ne résout pas un autre système
Ainsi, à la manœuvre de cette logique marchande, il y a des gens plus intelligents, plus brillants, plus malins, plus diaboliques que ne le soupçonne le consommateur moyen.
En effet, si l’industrie agro-alimentaire détecte une évolution du goût du consommateur (ce qu’elle appelle le vecteur d’achat), elle s’emparera de la demande, rationalisera, optimisera sa production pour fournir au consommateur 2.0 un ersatz de satisfaction immédiate et le réconforter dans son acte d’achat. Ex avec le bio en provenance de pays où les normes de pesticides même bio égalent ou dépassent nos normes de pesticides non bio. La mode du véganisme n’échappe pas à la règle.
De fait, ce mouvement a déjà commencé. Quelles chaînes de magasins distribuent majoritairement des produits vegans ? Elles sont fréquentées par des consommateurs soucieux de ces préoccupations. Les Naturalia, Biocoop, etc. Qui appartiennent à qui ?
Ne faites pas confiance à la grande distri !
Mes amis vegans, si vous voulez être un peu pertinents et cohérents. Ne faites pas confiance à la grande distribution pour régler un problème qu’elle a elle-même engendré. Quel que soit le « label » dont elle affuble ses magasins : bio, végétalien, vegan, équitable : ça reste une système, et tout système est fait pour vous économiser la peine de penser. Dans le business, changer le système de représentation ça s’appelle du simple rebranding. C’est comme le corbeau et le renard : ça n’engage que ceux qui y croient
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