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Modérateurs: animal, Léo

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By Stéphane
#119851 [size=150]Chapitre VII : nuits blanches, masque noir[/size]

[img]http://img696.imageshack.us/img696/8546/tumblrlujr4bjpk21qzcac7.jpg[/img]

J’ai rencontré pas mal de problèmes avec Vanessa, et au premier rang d’entre eux, le fait que Vanessa n’était jamais là. Non pas que je ne pouvais la voir ; au contraire, elle répondait toujours au téléphone, et jamais n’a manqué un rendez-vous. Non, c’était une absence qu’elle portait avec elle, même en sa présence : une absence constante et remarquable, sans qu’elle laisse deviner en quel endroit son esprit pouvait bien vaquer pendant qu’elle donnait le change en vous fixant de ses grands yeux vides.

J’ai lu en quelque endroit - ou bien on me l’a raconté, je ne me souviens plus - que Swan vivait très mal les instants où Odette s’endormait car, en fermant les yeux, celle-ci lui échappait. Mais Vanessa n’est pas Odette, aussi ne se contente t-elle pas de fermer les yeux, de se retourner, et de s’enfoncer dans le mou du matelas. Vanessa ne se retourne pas, non : elle enfile un masque tout en vous faisant face. Une épaisse ouate couleur vert-émeraude et un peu de dentelle noire entre elle et vous, et voilà son regard une nouvelle fois soustrait au vôtre, même pendant qu’elle dort. Enfin, à un petit détail près.

Vanessa ne dort pas. Je n’ai pas compté le nombre de nuits que nous avons passées ensemble, mais jamais je ne l’ai sentie s’endormir avant le chant des oiseaux. Et jamais plus longtemps que quelques heures, trois ou quatre tout au plus . J’ignore comment, dans ce laps de temps militaire, elle trouve les ressources nécessaires de sommeil pour tenir tout le jour et quand, parfois, je pense à elle le soir, je me dis comme Jacques Brel que la nuit pour elle va être longue à devenir demain»*.

Début août 2010, le départ en Italie approchait, pour un plein de lumière, de murs ôcres aux patines colorées, et de pages blanches à noircir (j’écrivais mon livre). Comme à l’accoutumée dans ce genre de circonstances, je n’attendais rien de cette séparation, du moins rien de bon. Déjà qu’une fille à peu près équilibrée ne résiste généralement pas - même si vous lui avez fait de l’effet - à l’idée d’une petite aventure d’été du moment que celle-ci s’achève là où elle a début, c’est à dire en dehors des frontières, alors qu’attendre d’une amputée du coeur comme Vanessa ? A Ibiza qui plus est, qui comme chacun sait est le lieu de villégiature des moines et des ascètes de tous horizons... Non, décidément, il n’y avait pas d’issue : Vanessa était un nid de phéromones, aussi allait-elle attirer la testostérone d’Ibiza comme le miel les mouches, et salope comme elle était il valait mieux pour moi déguerpir avant le désastre. C’est ce que je fis sans trop de mal ; les ruptures endurcissent, j’avais déjà pris cette saine habitude de quitter des femmes que j’aimais, alors quelques jours plus tard, devant un plateau de mozzarelle fumée et un verre de Barbera d’Alba, je l’avais presque complètement oubliée.

[quote="un texto"]Miss u guy

Ne me demandez pas combien de semaines sont passées avant ce message, je n’en ai aucun souvenir. J’ignore même si je l’ai reçu de suite, ma connexion internet consistant à marcher dans les ruelles de Rome avec mon McBook à la main à l’affût d’un réseau perdu. Mais ce dont je me souviens en revanche, c’est que je ne savais que penser. J’étais sûr qu’elle couchait avec d’autres hommes. Elle sentait l’odeur des autres hommes comme une chienne sent l’odeur des mâles de sa meute, même de ceux qui ne l’ont pas prise. Alors pourquoi m’écrivait-elle que je lui manquais ? Et d’abord, ces mots avaient-ils un sens ? Etait-il possible que Vanessa regrette la présence de quelqu’un, elle qui semble n’accorder aucune importance à rien, pas même à elle-même ? Et le cas échéant, pouvais-je être concerné directement par ce manque, moi seul ? Tout à la liberté de marcher et de penser, c’est au milieu des jardins de la Villa Borghese que je finis par me dire qu’elle disait la même chose à tout le monde, par convention, et que ces seuls deux mots (miss you) suffisaient à rendre vie pour quelques semaines supplémentaires à l’idée de la saillir de nouveau.

Enfin, c’est ce que j’aurais aimé en déduire. En réalité, mon orgueil finit par me convaincre qu’elle s’adressait à moi, rien qu’à moi, que nos rendez-vous coquins et ensoleillés avaient laissé dans son esprit une trace suffisamment profonde pour que leur évocation suffise à susciter en elle une quelconque nostalgie du temps passé ensemble. C’était faux, mais j’avais envie de le croire. Un mensonge requiert toujours (au moins) deux participants : celle qui le commet, et celui qui accepte d’y croire, comme nous y reviendrons prochainement dans un séminaire dédié à ce sujet. A l’instant où les roues de l’avion reprirent contact avec le sol Français, quand les gens se levèrent impatients pour tirer leurs sacs d’au-dessus de leur tête et gratter l’écran de leur téléphone portable de long en large avec leur index, j’ai fait de même avec les touches de mon vieux Samsung. Pour recontacter Vanessa.

[quote]...

Message envoyé.

Aux portiques de l’aéroport, comme d’habitude, personne ne m’attendait. Quelques chauffeurs indiens qui tenaient des pancartes décorées de feutre Velleda et probablement destinées à des businessmen en surpoids devant être conduits dans les plus brefs délais à l’Hilton du coin pour transformer leurs propositions commerciales powerpoint en chèques à hauteur de cent et quelque milliers d’euros de produits IT.

Il parait que les marins boivent à la santé des putains d’amsterdam, mais plus personne ne s’intéresse aux putains d’amsterdam dans leurs vieux cabanon à pisse éclairés au néon. Les putes désormais viennent du froid et vous servent à satiété de la sainte et de la fée.

A suivre.

[youtube]r8lWkNnhJB0[/youtube]

* Jojo
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By Stéphane
#120202 [size=150]Chapitre VIII : Amulette, objet qu'on porte sur soi et qui porte chance[/size]

[img]http://img823.imageshack.us/img823/6647/ungoldlytumblr.jpg[/img]

Certains d’entre vous m’ont écrit pour me dire que Vanessa avait l’air bête. D’autres, que c’était moi qui était bête. Mouais. Comme d’habitude, dans la bouche de ceux dans la vie desquels il ne se passe rien, ce sont toujours les autres qui sont bêtes à manger du foin. Bof, moi je veux bien que ceux-ci me prennent pour un âne, du moment que ça les aide à se sentir mieux : c’est le signe qu’ils doivent en avoir besoin.

L’été prenait fin comme il avait commencé, ce qui à Paris signifie presque toujours : avec le regret que, justement, il n’ait jamais vraiment commencé. Autour du 25 août, de longs nuages couleur traînée de cendre se répandent dans le ciel comme de la poudre et le froid vous tombe dessus, on n’y peut rien. Et comme je vois des signes partout, j’y ai vu la nécessaire rentrée de la fille du froid : Vanessa.

Je l’avais quitté blanche comme la neige, elle était revenue toute caramel, comme trempée tout l’été dans du soleil liquide. Pourquoi s’acheter de l’auto-bronzant en promotion chez Auchan quand il suffit d’avoir hérité d’un passeport Estonien, de la paire de seins qui va bien, et de demander à un riche marocain de vous prêter sa maison d’Ibiza, avec les cils baissés en signe de soumission consentie ? De même que le plus beau coup du Diable est de faire croire aux hommes qu’il n’existe pas, celui des femmes est de leur faire croire qu’il est difficile d’en être une. A moins d’être bossue, borgne et boiteuse comme la servante de la taverne du vieux bouc dans [url=http://www.rtl.fr/emission/laurent-gerra/bienvenue]les chroniques matinales de Laurent Gerra[/url], il y a plus difficile dans la vie que de refuser des invitations, fussent-elles intéressées. Par volonté de cohésion avec mes congénères, j’ai donc moi aussi invité Vanessa. Et comme la cohésion ça va deux minutes mais ça lasse très vite, je ne l’ai pas invitée à Ibiza mais dans une maison à la campagne.

Paris est une ville dont les abords immédiats sont affreusement recouverts de pavillons et de Citroën Grand Picasso. Mais il faut persévérer, continuer sans se décourager de percer d’une pression continue de l’accélérateur cette ceinture d’immondices, et bientôt vous en êtes récompensé par la physionomie des paysages, qui retrouve un peu de l’élégance que l’on prête à la France. C’est normalement là que j’ai envie de passer la sixième, de respirer profondément et de laisser la voiture aller où elle veut.

J’aime les voitures parce qu’elles illustrent toujours un peu la vie. En voiture aussi, il y a plusieurs types de femmes : celles qui vous font vous sentir homme et celles qui vous font vous sentir fort, la femme idéale étant celle aux côtés de qui vous vous sentez invincible. Vous avez probablement besoin, pour mieux pouvoir vous glisser à ma place, de savoir laquelle de ces sensations Vanessa provoque, et je crois pouvoir affirmer que la description la plus approchante serait la suivante : en présence de Vanessa, que ce soit sur les routes de la Loire, de Suisse ou du lac de Côme, pendant que mes yeux s’accrochaient machinalement à l’aiguille du compte-tour, j’avais cette impression que tout pouvait se passer, tout, sans que rien ne nous arrive. Je veux dire, rien de mal. Vanessa ne vous fait pas sentir invincible et c’est pour cela qu’elle n’est sans doute pas la femme idéale (et aussi accessoirement parce qu’elle a choisi de se mettre toute nue tous les soirs devant des hommes qui la payent pour cela). Non, Vanessa vous fait sentir incroyablement chanceux. Avec un naturel assez confondant, elle diffuse dans l’endroit où vous avez choisi de vous trouver avec elle cette sensation d’être désormais privilégié par le sort, du simple fait de sa présence à vos côtés. Vous vous sentez apte à capter sans efforts le regard bienveillant du destin, comme si un vieux Druide tiré d’un conte Celte vous avait remis une sorte amulette. Celte, ou slave.

Je la regardais longuement sans qu’elle semble s’en apercevoir. Elle avait l’air contrite, j’aurais dit qu’elle essayait en vain de retenir en elle cette odeur de vanille et de gâteau qui reste à ce jour, si je ne devais nommer qu’un de ses qualités, celle que je lui vois de plus indissociable. C’est alors que nous fûmes dépassés par la gauche par un type qui, lui, associait deux qualités hélas parfaitement courantes : il avait parfaitement l’air d’un con, et il avait une ferrari parfaitement ridicule (une 360 Modena mate avec des harnais rouges, il est difficile de faire preuve de plus d'absence de goût).

[quote]- Qu’est-ce que tu penses des hommes qui conduisent cette Ferrari ? Je ne parle pas des Ferrari en général, mais de celle-ci. Une femme peut-elle ne pas remarquer que ce type est un plouc ?
- I don’t know what you mean. My ex had a Ferrari.

Voix off

Ecoute grosse ganache, tu peux rester sanglée dans ton silence aussi longtemps que tu veux, je finirai par tout savoir de toi, tout. Tu videras toi-même tous tes placards un par un, à la recherche du moindre détail de ta vie, de la moindre note de restaurant, de tout ce dont tu penses que ça pourrait présenter un vague intérêt à mes yeux, te rendre vaguement réelle, et alors, et alors seulement, c’est
moi qui regarderai à travers toi, dans l’irréel, comme si tu n’existais pas.

Les allées de la maison bruissaient sous les pneus. Nous étions arrivés.

A suivre.
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By Dje
#120231 Sérieusement, laissez tomber les histoires de bagnole. C'est au mieux un goût, au pire quelque chose qui n'a aucune espèce d'importance.
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By Romain
#120237 Surtout sur les modèles sport italiens (Lambo, Maserati, Ferrari) tous manquent de goût et son carrément dans la show off.
Si une Ferrari coûte mettons 200 000€, je pérfère les foutre ailleurs.
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By Stéphane
#120239 [quote="Manas"]Surtout sur les modèles sport italiens (Lambo, Maserati, Ferrari) tous manquent de goût et son carrément dans la show off.
Ou comment dire qu'on n'y connaît rien.

[quote="Manas"]Si une Ferrari coûte mettons 200 000€, je préfère les foutre ailleurs.
Ou l'éternelle histoire du raison trop mûr pour soi.

Sérieux, quand vous ne vous êtes jamais vraiment intéressé à un sujet, taisez-vous, vous éviterez au moins de passer pour un con aux yeux de ceux qui ne vous connaissent pas encore.
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By Romain
#120241 [quote="Stéphane"]
[quote="Manas"]Si une Ferrari coûte mettons 200 000€, je préfère les foutre ailleurs.
Ou l'éternelle histoire du raison trop mûr pour soi.



Pourquoi serait-ce trop mûr pour moi ? Ce n'est pas quelque chose qui me correspond et dans cette gamme de prix je préfère encore Aston Martin par exemple.
Et si tu veux me traiter de con, il y a le MP pour ça.
By Asimov
#120243 Du bon sens bon sang...

Par pitié, arrêter de vous focaliser sur un détail aussi inutile que la marque de voiture du récit, vous passez a coté de l'essentiel.
Ca me rappelle l'article de stephane sur les 12 vêtements indispensables de cet hiver ou la quasi totalité des gens ont dissertés sur le class G...

"Quand le Sage montre la lune, l'imbécile regarde toujours le doigt..."
By Smog
#120245 [quote="Stephane"]"Voix off

Ecoute grosse ganache, tu peux rester sanglée dans ton silence aussi longtemps que tu veux, je finirai par tout savoir de toi, tout. Tu videras toi-même tous tes placards un par un, à la recherche du moindre détail de ta vie, de la moindre note de restaurant, de tout ce dont tu penses que ça pourrait présenter un vague intérêt à mes yeux, te rendre vaguement réelle, et alors, et alors seulement, c’est moi qui regarderai à travers toi, dans l’irréel, comme si tu n’existais pas."

Toujours aussi agréable à lire mais je dois dire que ce passage m'a tout particulièrement plu. Encore bravo!
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By coug
#120249 [quote="Marcel"][quote="Stéphane"]Elle n’était pas étudiante en Français à la Sorbonne comme elle me l’avait répondu par réflexe lors de notre première rencontre. Tous les soirs, elle se déshabillait dans un club de strip-tease.
Moche. J'éspère que tu l'as envoyé chier après ça. Pour le bobard (surtout), et pour le fait qu'elle fasse un job de trainée.
Que de jugements de valeurs.

Elle n'est pas escort non plus, ca n'a rien avoir. J'ai eu une jolie histoire, avec une danseuse (du C.H.), elle m'a même invitée plusieurs fois à des représentations. Je n'y vois là rien de dégradant, ni pour elle, ni pour son copain; Et la pluspart de ses collègues étaient d'ailleurs en relation longue, voir mariées. Ca donne des scènes comiques, car les "invités" des danseuses, sont tous placés au même endroit, du premier rang, dans les représentations à l'étranger.
En plus, ca a un côté profondément excitant, de savoir que tout les hommes de la salle fantasment sur la fille, qui t’enlacera sensuellement, quelques heures plus tard.
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By Dje
#120251 [quote="coug"]J'ai eu une jolie histoire, avec une danseuse (du C.H.), elle m'a même invitée plusieurs fois à des représentations. Je n'y vois là rien de dégradant, ni pour elle, ni pour son copain
Une boîte de strip-tease et un cabaret n'ont rien à voir.